Un avenir possible pour une adolescente kinoise
« J’aimerais devenir couturière, me marier et fonder une famille ». C’est le vœu tout simple formulé par Irette, une jeune fille de 17 ans qui vit à Kinshasa. Pour la plupart, ce projet d’avenir ne présenterait pas vraiment de difficulté. Mais pour Irette, sourde depuis l’âge de 4 ans, il s’agit d’une belle victoire.
« J’aimerais devenir couturière, me marier et fonder une famille ». C’est le vœu tout simple formulé par Irette, une jeune fille de 17 ans qui vit à Kinshasa. Pour la plupart, ce projet d’avenir ne présenterait pas vraiment de difficulté. Mais pour Irette, sourde depuis l’âge de 4 ans, il s’agit d’une belle victoire.
Irette est l’aînée d’une famille de cinq enfants. Elle a passé sa petite enfance à Kananga, dans la province du Kasaï Oriental. A l’âge de quatre ans, elle a contracté une maladie, elle ne sait pas bien laquelle, qui l’a laissée sourde. Sa tante, une religieuse, a remué ciel et terre pour faire soigner l’enfant, mais rien n’y a fait. Irette est restée sourde.
Plus tard, la famille déménage à Kinshasa où la tante d’Irette inscrit l’enfant dans une école spéciale pour enfants sourds. Mais l’école ne convient pas à la fillette : on n’y enseigne pas la langue des signes congolaise, la petite ne progresse pas, à tel point que la famille se pose la question de continuer à l’envoyer à l’école.
C’est alors que sa tante, qui l’a décidément prise sous son aile, trouve le centre Kikesa. Cette fois, c’est le déclic ! Irette termine ses primaires et se trouve maintenant en 2e secondaire. Le fait d’être dans une classe où sourds et entendants se mélangent ne lui pose aucun problème : « Je me suis fait beaucoup d’amis, tant parmi les sourds que parmi les entendants. La communication est bonne avec tout le monde et je me sens suffisamment épanouie.»
Aujourd’hui, son rêve de devenir couturière est à portée de main. Mais si vous demandez à la jeune fille la matière qu’elle préfère, elle vous répondra avoir une préférence pour les cours de langues -elle apprend le français et l’anglais.
Sa maman l’encourage beaucoup, elle aimerait que sa fille puisse gagner sa vie et ne dépende de personne. Mais c’est sa tante religieuse qui reste le pilier dans l’existence d’Irette : c’est elle qui a persuadé les autres membres de la famille de la nécessité pour Irette de faire des études. Et peut-être soutiendra-t-elle sa nièce pour qu’une fois son diplôme en poche, elle puisse ouvrir son atelier de couture.
D’après un témoignage recueilli par Alain Kikeni, responsable du projet d’Education Inclusive à Kinshasa.