Accoucher en toute sécurité à Bumbu
Au Congo, une maman sur 137 décède pendant l’accouchement. En Belgique, ce chiffre est de 1 pour 16.600. Pourtant, il est relativement simple de faire baisser ce chiffre. La preuve est faite au centre médical de Bumbu, où Handicap International donne des formations et du matériel depuis plusieurs années déjà. « Depuis le mois de janvier, aucune maman n’est morte ici. »

Au Congo, une maman sur 137 décède pendant l’accouchement. En Belgique, ce chiffre est de 1 pour 16 600. Pourtant, il est relativement simple de faire baisser ce chiffre. La preuve est faite au centre médical de Bumbu, où Handicap International donne des formations et du matériel depuis plusieurs années déjà. « Depuis le mois de janvier, aucune maman n’est morte ici. »
Le Centre Mère-enfant bourdonne d’activité. C’est le seul hôpital de Bumbu, un quartier de Kinshasa où vivent 377.000 habitants. Un gynécologue et 23 sages-femmes y travaillent pour mener à bien environ 150 accouchements chaque mois.
On pourrait presque parler d’une usine où naissent les bébés. Et pourtant, les femmes savent qu’ici, elles sont entre de bonnes mains. Le centre a bonne réputation. Et il a meilleur aspect que bien d’autres hôpitaux de Kinshasa : depuis que Handicap International y intervient, la salle pour les jeunes accouchées a des fenêtres. Il y a des nouvelles tables d’accouchement, l’ancien matériel médical a été remplacé. Grâce à des panneaux solaires, l’hôpital peut encore fonctionner lors des coupures d’électricité.
De l'importance des formations
L’électricité est également importante pour les couveuses, elles aussi don de Handicap International. « Ensuite, nous avons aussi appris la technique du kangourou : grâce au contact de la peau, on peut maintenir la température des bébés de trop faible poids et le développement de l’enfant peut être stimulé. Handicap International a même construit une « unité kangourou » spéciale » explique Lily Nsongo, la sage-femme en chef.
Mais le plus important, c’est certainement la formation que toutes les sages-femmes ont reçue. « Grâce à la formation de Handicap International, nous savons plus rapidement quand il y a un problème et nous pouvons intervenir à temps où renvoyer la patiente au bon service s’il le faut. Auparavant, nous ne savions pas par exemple par quoi commencer quand un bébé ne respirait pas à la naissance et aujourd’hui, c’est de la routine » dit la sage-femme.
“Nous avons notamment appris comment réagir quand une femme ne cesse de perdre du sang. De telles hémorragies sont la cause la plus importante de décès pour les mamans qui ne survivent pas à leur accouchement. Jusqu’en 2008, dix mères mouraient ici chaque année. Ensuite, nous en comptions en moyenne quatre. Et cette année, nous n’avons enregistré encore aucun décès » ajoute-t-elle fièrement.
Trop peu de consultations prénatales
Le problème au Congo vient également de ce que trop peu de femmes viennent aux consultations prénatales. « Normalement, vous devriez venir quatre fois en consultation pendant votre grossesse. Mais la plupart des femmes viennent seulement une fois, la plupart du temps quand elles en sont à huit mois de grossesse. »
Pour contourner ce problème, Handicap International forme des agents de santé qui sensibiliseront les femmes dans leur environnement proche. Ils encouragent les jeunes femmes enceintes à se faire contrôler. Grâce à leur engagement, le nombre de femmes qui vont aux quatre consultations est passé de 22 à 38%. Une avancée importante, avec un impact tout aussi important. Selon l’Organisation mondiale de la santé, une femme qui a un suivi pendant sa grossesse augmente de 87% ses chances d’accoucher sans problème. La probabilité qu’elle mette au monde un enfant sans handicap augmente de 92%.
Mais le grand problème au Congo reste la pauvreté. Se rendre aux quatre consultations coûte 11.000 francs congolais (10 euros), une somme impayable pour beaucoup de Congolaises. Le constat est dur. Malgré un personnel maintenant qualifié et des techniques pour prendre en charge les enfants prématurés, trop souvent encore on peut voir un enfant quitter l’hôpital de Bumbu dans un petit cercueil blanc. Parce qu’un bon suivi ne bénéficie pas seulement à la santé de la maman, mais aussi à celle de l’enfant. Un enfant sur dix n’atteint pas l’âge de cinq ans au Congo. Un cinquième décède pendant les premiers jours de sa vie.