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Dadaab: témoignage de Julien Clausse, kiné

Réadaptation Urgence

La kinésithérapie respiratoire est une technique qui permet de désencombrer les poumons d’un enfant souffrant d’infection respiratoire. Une pratique qui demande un savoir-faire spécifique et qui peut permettre à des enfants déjà affaiblis par la malnutrition de reprendre le dessus sur une infection qui peut s’avérer mortelle. Julien Clausse, spécialiste de cette technique, est actuellement à Dadaab pour former une équipe de kinésithérapeutes kenyans et déployer cette activité dans les trois hôpitaux que comptent les camps.

Julien Clausse aide un enfant avec une infection respiratoire

La kinésithérapie respiratoire est une technique qui permet de désencombrer les poumons d’un enfant souffrant d’infection respiratoire. Une pratique qui demande un savoir-faire spécifique et qui peut permettre à des enfants déjà affaiblis par la malnutrition de reprendre le dessus sur une infection qui peut s’avérer mortelle. Julien Clausse, spécialiste de cette technique, est actuellement à Dadaab pour former une équipe de kinésithérapeutes kenyans et déployer cette activité dans les trois hôpitaux que comptent les camps.

 

« Je suis arrivé à Dadaab au mois de janvier, avec l’envie de relever un défi, d’apporter un savoir-faire qui doit permettre d’améliorer la santé de nombreux enfants ici dans les camps. Les trois hôpitaux avec lesquels nous collaborons ont répondu avec beaucoup d’enthousiasme lorsque nous leur avons expliqué que nous étions en mesure de prodiguer ces soins. Nous faisons donc tout notre possible pour lancer les activités au plus vite, mais c’est une technique nouvelle pour les kinésithérapeutes kenyans et cela demande une période de formation. De plus, l’insécurité actuelle dans les camps nous contraint à limiter nos déplacements et freine la mise en place de nos opérations. En dépit de ces difficultés, nous avons déjà pu débuter les consultations dans l’hôpital du camp d’IFO et nous espérons rapidement pouvoir faire de même dans les hôpitaux de Dagahale et Hagadera.

Le travail avec mes collègues kenyans se passe très bien, ce sont des kinésithérapeutes qui ont reçu une très bonne formation théorique, mais qui ont besoin d’un peu de temps pour bien maîtriser une nouvelle technique. La kinésithérapie respiratoire est quelque chose d’assez impressionnant. Il faut exercer des pressions franches sur le thorax d’enfants très jeunes, pour leur permettre d’expulser les sécrétions produites par l’infection et qui leur obstruent les bronches. Parce qu’ils sont très jeunes et souvent affaiblis par la malnutrition, ces enfants n’ont pas la force de le faire eux-mêmes en toussant, et ces infections peuvent entraîner leur mort. En permettant à ces enfants de mieux respirer et de mieux s’alimenter, nous leur donnons de meilleures chances de vaincre l’infection.

Effectuer ces pressions thoraciques demande de prendre beaucoup de précautions vis-à-vis de l’enfant, qui doit être ausculté et examiné afin de déterminer s’il ne présente pas de contre-indication à cet exercice, mais aussi de la mère ou de la famille qui l’accompagne, à qui il faut expliquer ce que l’on fait. À la fois pour les enfants, qui sont ici fragilisés par une alimentation et un environnement sanitaire déplorables, et pour les familles qui ne connaissent pas ces pratiques, nous nous devons de renforcer encore ces étapes préliminaires. Si on ne leur explique pas bien ce que l’on fait, les mères qui voient leur enfant pleurer lorsque nous le manipulons peuvent être choquées et penser qu’il souffre. Heureusement c’est une technique qui apporte des résultats spectaculaires, et elles peuvent constater dès l’heure qui suit le massage que leur enfant peut déjà mieux s’alimenter et que son sommeil est plus profond.

Il est encore trop tôt pour évaluer l’impact que la kinésithérapie respiratoire pourra avoir sur la santé des enfants dans les camps. Nous sommes dépendants d’un grand nombre de facteurs, donc la sécurité qui affecte notre capacité opérationnelle, et l’ensemble des partenaires humanitaires avec lesquels nous collaborons et qui travaillent actuellement avec des dispositifs réduits. Nous ne nous voilons pas la face, le contexte actuel est très défavorable, mais nous ne perdons pas espoir. Les besoins sont immenses, les conditions dans lesquelles vivent les réfugiés se sont beaucoup détériorées et nous avons le devoir de tout faire pour apporter une réponse aux personnes les plus fragiles. »

 

Lisez-en plus dans notre dossier consacré à la famine dans la Corne de l'Afrique.  

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