Ebola : les messages de prévention aussi pour les personnes handicapées
L'épidémie de fièvre Ebola, observée au départ en Guinée début 2014, a continué à progresser de façon incontrôlée dans toute l'Afrique de l'Ouest, poussant récemment les gouvernements du Sierra Leone et du Libéria à déclarer un état d'urgence officiel. Adam Huebner, coordinateur santé et réadaptation pour Handicap International dans cette région, explique l'importance d'impliquer aussi les personnes handicapées.

L'épidémie de fièvre Ebola, observée au départ en Guinée début 2014, a continué à progresser de façon incontrôlée dans toute l'Afrique de l'Ouest, poussant récemment les gouvernements du Sierra Leone et du Libéria à déclarer un état d'urgence officiel. Adam Huebner, coordinateur santé et réadaptation pour Handicap International dans cette région, explique l'importance d'impliquer aussi les personnes handicapées.
"L'épidémie de fièvre Ebola, observée au départ en Guinée début 2014, a continué à progresser de façon incontrôlée dans toute l'Afrique de l'Ouest, poussant récemment les gouvernements du Sierra Leone et du Libéria à déclarer un état d'urgence officiel. Au 15 août 2014, 2 127 cas avaient été déclarés et 1 145 personnes étaient décédées.[1]
Au départ, quand des cas ont commencé à être observés au Sierra Leone, à l'est du pays, Handicap International a pu continuer ses activités régulières. Face à la progression du virus, nos équipes ont continué à suivre de près la situation, et certains membres du personnel ont été redéployés en dehors des zones les plus touchées du pays. En parallèle, les activités habituelles de Handicap International au sein des communautés locales ont commencé à incorporer des messages sur le virus Ebola.
Toucher tout le monde
Les personnes handicapées font face à des obstacles importants dans l'accès aux services et aux informations. Les communications ciblent souvent le grand public, sans se soucier de savoir si certaines personnes handicapées pourront ou non accéder à ces informations. En Afrique de l'Ouest, les messages et les informations s'entremêlent souvent aux rumeurs, aux idées fausses, aux croyances traditionnelles, ce qui rend d'autant plus difficile la transmission de messages importants. De plus, les personnes handicapées comptent souvent sur le soutien des autres personnes dans leurs activités quotidiennes, souvent via un contact physique (par exemple, pour pousser leur chaise roulante, leur tenir la main pour les non-voyants, etc.). Ceci crée des inquiétudes et un stress supplémentaires pour les personnes handicapées et une réaction de peur disproportionnée de la part des membres de la communauté.
Se donner les moyens d'informer
Suite à la décision gouvernementale de recentrer toutes les ressources disponibles sur la lutte contre l’épidémie, Handicap International a redirigé certains de ses moyens financiers vers des activités de sensibilisation et de soutien à la prévention du virus Ebola. Handicap International et ses partenaires ont pour l'instant organisé des séances de sensibilisation à Freetown et au-delà avec 17 associations de personnes handicapées, des établissements scolaires spécialisés, des institutions spécialisées et des communautés de personnes handicapées. Plus de 1 276 personnes handicapées (et certaines personnes non handicapées) y ont participé. Et ce qui est encore plus important : elles ont également pu poser des questions pour mieux dissiper de fausses perceptions véhiculées au sein de leur communauté. Ces personnes ont également reçu 1500 pains de savon, l’occasion aussi de renforcer les messages sur les mesures d’hygiène, essentielles pour combattre le virus.
Les organisations et les personnes handicapées elles-mêmes ont été très touchées de l'intérêt qui leur était porté, en déclarant qu’il s’agissait « des premières et des seules informations complètes » auxquelles elles aient eu accès depuis le début de l'épidémie. Ces personnes ont également discuté ouvertement et réfléchi à des questions portant sur l'existence réelle ou supposée du virus Ebola. En effet, certaines personnes pensaient encore que c'était un virus fabriqué par les étrangers, ou simplement une forme de choléra ou de paludisme (tous les deux ayant une prévalence très élevée pendant la saison des pluies, qui a lieu en ce moment), et que cette épidémie était présentée d'une façon nouvelle par le gouvernement, à des fins politiques.
"Faire d'Ebola un problème compréhensible"
En faisant du virus Ebola un problème réel et compréhensible, et pas seulement un mot abstrait qui suscite la panique, alors la peur et le manque de confiance disparaissent peu à peu. Les personnes et les communautés peuvent ensuite mettre en place des stratégies simples et efficaces qui permettent d’éviter la transmission du virus. Toutes les parties prenantes (institutionnelles et humanitaires) diffusent désormais des messages bien ciblés pour l'ensemble du pays et Handicap International est là pour s'assurer qu'aucune personne n'a été oubliée."
Adam Huebner est basé à Freetown. Il travaille pour les programmes Sierra Leone et Libéria de Handicap International en qualité de coordinateur Santé et réadaptation depuis février 2014. Il a étudié l'anthropologie à l'Université du Wisconsin aux États-Unis et la santé publique/l'épidémiologie à l'Université Chulalongkorn de Bangkok en Thaïlande.