Les frappes contre le centre de détention de Saada, dans le nord du pays, ont fait 91 morts et des centaines de blessés. Les hôpitaux ont été submergés par l'afflux massif de blessés et n'ont pas été en mesure de proposer une assistance à toutes les personnes touchées en raison de capacités et de fournitures d'urgence limitées.
D'autres victimes ont été signalées à Hodeidah, où au moins trois enfants ont été tués et de nombreuses personnes blessés. Dans le même temps, les réseaux d'Internet et de téléphonie mobile ont été coupés dans le pays à la suite d'attaques contre d’une importante installation de télécommunication. Cet incident a eu de graves répercussions sur les civils et les opérations humanitaires. Les communications pour les opérations de Handicap International ont été interrompues pendant plusieurs jours.
D'autres sites de télécommunications ont également été pris pour cible, isolant encore davantage les civils dans le conflit, tandis qu'une attaque contre un réservoir d'eau à Saada au début du mois a privé 120 000 personnes d'eau potable. De nombreuses frappes aériennes ont en outre été menées à proximité d'hôpitaux et d'établissements de santé au cours des derniers jours, dont plusieurs auraient subi des dommages.
Cette récente escalade a relancé l'attention sur ce conflit armé brutal qui dure depuis sept ans. Le recours à des frappes aériennes aveugles, à des tirs d'artillerie et l’utilisation de pratiquement toutes les formes d'armes explosives par l’ensemble des parties au conflit n'ont jamais cessé, à aucun moment.
Sept ans de destruction ininterrompue et systématique des infrastructures civiles ont engendré des morts et des blessés, contribué à la faim et aux maladies et réduit considérablement la capacité de la population à accéder aux services essentiels tels que les soins de santé, l'eau potable et l'électricité. Avec plus de deux tiers de la population ayant besoin d'une aide humanitaire, toutes les infrastructures et tous les services publics sont absolument indispensables à la survie des Yéménites.
"Les armes explosives ne provoquent pas seulement des morts et des blessés, mais aussi la destruction à grande échelle d'hôpitaux, d'écoles et de logements dans les zones situées bien au-delà de leur point d'impact initial, explique Antoine Jeune, directeur de Handicap International au Yémen. Leurs effets ne peuvent jamais se limiter à une seule structure ou à un seul service. Et au Yémen, ces « effets dominos » se sont révélés tout aussi meurtriers sur le long-terme qu’au moment de l'impact initial des attaques. Les bombes ne frappent jamais de manière isolée."
Handicap International exhorte donc toutes les parties au conflit et leurs alliés à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.
Les parties au conflit et leurs alliés doivent protéger les populations civiles des violences en cours, mettre fin à l'utilisation d’armes explosives en zones peuplées car elles risquent de causer de graves dommages aux civils, et prendre des mesures immédiates et pratiques pour éliminer leur impact sur les civils et les infrastructures civiles.
La violence continue de s'intensifier après que le Conseil des droits de l'homme a voté la fin du mandat du Groupe d'experts éminents, le seul organe international et indépendant chargé d'enquêter sur les violations et les abus présumés du droit international humanitaire commis par toutes les parties au conflit. Nous appelons donc la communauté internationale à rétablir de toute urgence un mécanisme international indépendant de surveillance et d'information sur le Yémen.