Les rêves brisés des malades de Pointe-Noire
La résurgence du virus de la polio au Congo Brazzaville à la fin de l’année 2010 a été particulièrement virulente. Rien que pour la ville de Pointe-Noire, on a enregistré 474 cas de personnes ayant déclaré la maladie, dont 182 sont décédées, soit un taux de mortalité de 38% alors qu’habituellement, une personne sur dix décède après avoir contracté le virus.

La résurgence du virus de la polio au Congo Brazzaville à la fin de l’année 2010 a été particulièrement virulente. Rien que pour la ville de Pointe-Noire, on a enregistré 474 cas de personnes ayant déclaré la maladie, dont 182 sont décédées, soit un taux de mortalité de 38% alors qu’habituellement, une personne sur dix décède après avoir contracté le virus.
Clara fait partie des personnes infectées. Elle se rend régulièrement à l’hôpital de Tié-Tié pour suivre un traitement kiné. Cette jeune femme de 26 ans a trois enfants : Justien (8 ans), Jo-Chris (4 ans) et Amélia (2 ans). « J’avais comme projet de commencer une formation puis de partir travailler à l’étranger, mais j’ai tout perdu » lâche-t-elle, un peu amère. La maladie l’a privée de l’usage de ses jambes. Son mari ne travaille pas pour le moment, il l’aide à faire ses exercices à la maison. « Ma maman m’aide aussi. Et j’essaye de m’appuyer seule sur une chaise pour me soulever et regarder par la fenêtre. »
Clara ne peut pas marcher. Pas encore ? La kinésithérapie lui a déjà permis de faire des progrès. Mais il n’est pas certain qu’elle puisse retrouver l’usage, même partiel, de ses jambes. En attendant, sa maman fait la cuisine, son mari pend le linge. Les enfants aident un peu, eux aussi. Mais aller trois fois par semaine à l’hôpital, ça coûte cher et ça pèse lourd sur le budget du ménage.
« La kiné permet une certaine récupération, surtout si le patient fait correctement ses exercices à domicile », explique Marc-André Peltzer, coordinateur des actions d’urgences, à son retour de mission à Pointe-Noire. « Nous apportons donc un appui pour les soins de kiné et nous allons également soutenir le centre d’appareillage afin de fournir du matériel de qualité. Nous devons également nous assurer que les patients comme Clara puissent avoir accès aux soins, vraiment problématique pour les plus pauvres, soit en assurant leur transport jusqu’au centre, soit en mettant en place des cliniques mobiles. » Le projet prévoit aussi d’adapter le lieu de vie des personnes souffrant de séquelles de poliomyélite. Par exemple, améliorer l’accessibilité de la maison d’une personne qui doit désormais vivre en fauteuil roulant.
Handicap International se donne dix mois pour apporter des changements dans la vie de Clara et des autres personnes handicapées après avoir contracté le virus et ramener l’espoir chez ceux qui ont vu leurs rêves brisés par la maladie.